Se sentir connecté à la nature rend plus heureux, c’est scientifiquement prouvé !
Mon but aujourd’hui avec cette série d’articles* est de contribuer à sauver une espèce en voie de disparition : l’enfant dans la nature.
La nature, à tout âge, est indispensable au bon équilibre mental, émotionnel et physique de tout être humain. Elle offre un véritable pouvoir de prévention et de guérison sur les maux de notre société, des fléaux qui nous touchent de plus en plus précocement : la dépression, le stress, les dysfonctionnements cognitifs ou de l’attention, les troubles mentaux, etc.
Quand je parle de la « nature », je ne parle pas que des forêts. La nature est partout : dans la terre, les arbres, les fleurs des villes et des campagnes, les animaux, etc.
Pour la rédaction de cette série d’articles, je me suis inspirée de la lecture du livre Une enfance en liberté. Protégeons nos enfants du syndrome de manque de nature de Richard Louv, traduction française du livre Last Child in the Woods.
Sommaire de l'article Grandir Zen
Pourquoi est-il important de connecter les enfants à la nature ?
La nature offre bonheur et liberté
Les meilleurs souvenirs de mon enfance restent les heures passées sur la balançoire de mon jardin, perchée sur mon vélo ou dans les arbres de mon village.
Bien sûr, c’était une autre époque ! Mais passer du temps à l’extérieur était pour moi synonyme d’une liberté totale : un temps sous aucun contrôle parental avec pour seule consigne de rentrer chez moi avant la tombée de la nuit.
Evidemment, j’ai vécu quelques frayeurs comme cette rencontre avec un nid d’abeilles ou cette fois où j’ai pris à pleine main la barrière électrifiée des chevaux des voisins… des occasions en or qui m’ont permis de cultiver en moi la prudence et le sens de l’observation.
Pendant ces moments précieux, le temps filait à toute vitesse et j’étais comme “shootée” aux hormones du bonheur.
Nous pouvons donc à présent nous poser cette question : loin de la nature, vers quoi se tournent aujourd’hui nos enfants pour trouver un semblant de liberté ?
Détourner l’attention des écrans
Les écrans offrent sans doute à nos enfants une illusion de liberté (spoiler alert, ils nous rendent en réalité plutôt esclaves).
Heureusement, notre tendance à « passer des heures devant les écrans » a fini par engendrer un éveil des consciences. Nous commençons à réaliser que notre vie devient de plus en plus virtuelle, notre temps est organisé, chronométré, il doit toujours être « utile ».
Le temps de rêverie productive n’existe plus, même chez nos enfants. Il faut s’occuper, toujours FAIRE et non plus tout simplement ÊTRE…
Mais tout espoir tout n’est pas perdu !
Une étude* a constaté que les enfants qui passent plus de temps dans la nature et parviennent à s’y connecter se sentent plus autonomes et plus heureux.
La nature est un haut lieu d’apprentissage, d’émerveillement et de liberté. Se reconnecter à la nature, à notre Terre, c’est retrouver du sens et faire grandir en soi des valeurs précieuses : la liberté, la préservation, le respect, le partage.
Au début, étrangement, cela peut nous sembler surnaturel, il faut fournir un vrai effort pour sortir de chez soi. Il peut être difficile de renouer avec la nature dans notre société. Mais l’enjeu est important !
La vraie liberté se trouve dans la nature : pas de contrôle, pas de parent sur le dos, on dompte l’inconnu au lieu d’en avoir peur. C’est cette liberté qui permet de préserver la santé mentale, physique et émotionnelle de nos enfants.
Au lieu d’interdire les écrans ou d’en limiter l’utilisation avec des négociations épuisantes et sans fin, avez-vous essayé de proposer des temps de liberté dehors, des activités dans la nature ? Essayez !
Sans prise de tête ni interdits, l’enfant ou l’ado se détournera sans doute de lui-même progressivement des écrans.
*Source : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2020.00276/full
Ce mode de vie convient-il à tous les enfants ?
Si lorsque j’étais enfant, je passais une grande partie de mes journées dehors, ce n’était pas le cas de ma sœur ainée qui avait le nez plongé dans les livres en permanence.
Ma grande fille Julie est exactement pareil !
Sa plus grande joie est d’aller à la médiathèque chaque semaine.
Alors, au fil du temps, j’ai pu me rendre compte qu’un équilibre était possible : lire dehors, sous un arbre, installer une couverture à l’ombre de son arbre préféré, aller à la médiathèque en vélo, etc.
Elle nomme ce temps de lecture en extérieur la “lecture-nature”.
Ces temps lui ont permis de se reconnecter à la nature, c’était un premier pas… Elle y passe maintenant des heures entières et y fait toutes sortes d’activités et de jeux libres.
Au-delà de l’aspect sport et santé, il me semble important de prendre soin des yeux de nos enfants en les incitant à regarder au loin les arbres, les couleurs du ciel, les nuages. Dans nos maisons, en classe, nous avons perdu cette habitude de “voir loin” et nos yeux en souffrent ! Etant myope comme une taupe (opérée depuis peu au laser), je suis convaincue que nous avons besoin de pratiquer cet exercice quotidiennement.
Tous les enfants ont besoin de nature.
Ce besoin universel de créer de l’attachement à leur lieu de vie, leur maison/appartement, mais aussi leur quartier. Même les personnes nomades.
Bien avant de se lancer dans des voyages partout dans le Monde pour enrichir la vie de nos enfants, nous pouvons déjà revenir à la simplicité et leur proposer de se connecter à leur « chez soi ».
Les voyages ont ce bénéfice de nous ouvrir les yeux notamment sur les abus, les extrêmes et la nécessité d’avoir de nouveaux dirigeants plus conscients de l’importance de la nature sur nos vies.
Nos enfants sont les futurs leaders, travailleurs, citoyens de la planète, offrons-leur d’abord l’opportunité de se connecter à la nature afin de pouvoir ensuite faire des choix en conscience.
Car oui, la santé des enfants et la santé de la Terre sont indissociables !
Avant toute prescription médicale, voilà ce que nous pourrions nous voir recommander en cas de mal-être, de sentiment de dépression, d’addiction aux écrans ou au sucre à tout âge :
- Du temps dehors, dans son jardin, son village, au parc ;
- Des balades, du soleil ;
- Du jardinage, pour se reconnecter à la terre et cultiver la patience et la résilience ;
- Une vraie thérapie par la nature, appelée l’écopsychologie (soigner la terre par le bien-être des êtres humains.) ;
- Passer du temps dans la forêt près des arbres (renseignez-vous sur la sylvothérapie !).
Quel que soit leur âge, leur genre, leur lieu ou niveau de vie, tous les enfants ont besoin de nature .
La place de la nature à l'école
En 2002 a été publié un Rapport suite à la Ronde sur l’éducation et l’environnement, document malheureusement ignoré par le monde de l’enseignement.
Un travail mené sur 10 ans avec 150 écoles de seize états des Etats-Unis qui conclut que l’éducation axée sur l’environnement est bénéfique en sciences sociales, en sciences, linguistiques, mathématiques, et permet de développer des compétences en résolution de problèmes, en pensée critique et en prise de décision.
Céline Alvarez, pédagogue, auteure et conférencière française, parle dans ses différentes interventions et formations de la place des plantes au sein d’une classe en tant qu’élément de décoration qui apporte de la sérénité et également comme activité constructive (prendre soin des plantes, les arroser mais aussi leur parler, retirer les feuilles abimées, etc.).
Alors, qu’attendons-nous pour (re)connecter nos enfants à la nature sous toutes ses formes ?
Si nous ignorons ce besoin essentiel au bien-être de nos enfants, nous risquons ce que Richard Loov a nommé Le syndrome du Manque de Nature (Nature Deficit Disorder).
Lien enfant-nature : mon expérience personnelle de maman
Je dois vous avouer quelque chose : la rédaction de cette série d’articles m’a pris des temps, et pour cause ! Ma fille de 10 ans et demi est passée, en janvier 2022, de l’école à l’instruction en famille (IEF) pour quelques mois. J’ai donc mis de côté ces articles et je pense qu’il n ‘y a pas de hasard.
Après quelques mois d’IEF, voilà mon observation : alors que je passais mon temps à inciter ma fille à sortir prendre l’air après l’école, stopper les écrans dont elle était addict, je passe aujourd’hui mon temps à lui demander de rentrer !
L’école l’épuisait et, en dehors de ces temps, elle n’avait qu’une envie : mettre son cerveau en pause devant une série.
Aujourd’hui, je peux le dire, ma fille passe une grande partie de sa vie dehors, peu importe la météo ! Elle s’est constituée un groupe d’amis dans le village et ils se donnent rendez-vous plusieurs fois par semaine et le week-end à leur point de ralliement qui est un arbre.
Cet arbre abrite maintenant leur cabane mais il est surtout le gardien des secrets des enfants du village.